Mylène Farmer
L’horloge
Le, le, le, la

[Couplet 1]
Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible
Dont le doigt nous menace et nous dit « Souviens-toi ! »
Les vibrantes douleurs dans ton cœur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible :
Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de sa coulisse :
Chaque instant te dévore un morceau du délice
À chaque homme accordé pour toute sa saison

Le, le, le, la

[Couplet 2]
"Trois mille six cent fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit : je suis Autrefois
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
"Rememer ! Souviens-toi, prodigue, Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !
Souviens-toi que le temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup, c'est la loi
Le jour décroit ; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide
Le, le, le, la

[Couplet 3]
« Tantôt sonnera l'heure ou le divin Hasard
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge
Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !)
Où tout te dira : « Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! »
(Souviens-toi !)

Le, le, le, la

(Souviens-toi ! Souviens-toi !)
(Souviens-toi ! Souviens-toi !)