Gabriel Fauré
L’Aurore
L'aurore s'allume;
L'ombre épaisse fuit;
Le rêve et la brume
Vont où va la nuit;
Paupières et roses
S'ouvrent demi-closes;
Du réveil des choses
On entend le bruit

Tout chante et murmure
Tout parle à la fois
Fumée et verdure
Les nids et les toits;
Le vent parle aux chênes
L'eau parle aux fontaines;
Toutes les haleines
Deviennent des voix!

Tout reprend son âme
L'enfant son hocher
Le foyer sa flamme
Le luth son archet;
Folie ou démence
Dans le monde immense
Chacun recommence
Ce qu'il ébauchait