Yves Duteil
La puce et le pianiste
Un jour, sur un piano
Une puce élut domicile
Elle posa son sac à dos
Ses affaires de ville
Elle avait beaucoup voyagé
Beaucoup sauté, beaucoup piqué
Et pour ne pas qu'on la voie
Sur une noire, elle s'installa

Mais soudain, la lumière apparut
Des sons frappèrent son oreille
Une main lui marchait dessus
Sa colère fut sans pareille
Elle suivit ses évolutions
Avec des yeux pleins d'attention
Pour essayer de grimper
Sur la main qui l'avait piétinée

Lorsqu'enfin, elle y parvint
Elle affina son aiguille
Et se mit à piquer la main
Tout en dansant le quadrille
Mais, soudain, la main s'agita
Et son rythme s'accéléra
Et la puce tout excitée
De plus belle, se remit à piquer
Dans la douleur et la démangeaison
La main se faisait plus rapide
Ne suivait plus la partition
Et n'avait plus aucun guide
Mais dans la salle on applaudissait
Sans deviner que c'était
Grâce à une puce énervée
Que le jazz était né