Pierre Perret
Mon chibre
A ce qu'il est beau mon chibre
Quand il est à l'air libre
Son uniforme est joyeux
Tête rose et veines bleues

Quand le printemps le caresse
Il se gonfle d'ivresse
En secousse chromatique
Vers des jupes énigmatiques

Il a l'œil qui quémande
Quelques lèvres gourmandes
Quelques noisettes serties
Dans un abricot petit

A ce qu'il est beau mon chibre
Quand il est à l'air libre
C'est un piton rose et dur
De satin veiné d'azur

Les dames de cœur prétendent
Qu'il bande à la commande
Et cette force motrice
A rendu bien des services

Grâce à ce don céleste
Il améliore les siestes
Des abbesses du couvent
Qui parlent de lui souvent

A ce qu'il est beau mon chibre
Faut le voir comme il vibre
Quand un cœur d'artichaut bat
Au sommet d'une paire de bas

Quand sous sa gabardine
Il tend la toile fine
Son robuste campement
Fait rêver bien des mamans

L'hiver cette maisonnette
Leur sert même de chaufferette
Il dégèle tour à tour
Lèvre gercées et doigts gourds

A ce qu'il est beau mon chibre
Son séduisant calibre
Fait crier les demoiselles
Gémir les femmes infidèles

Quand un mari rapplique
Il se replie stoïque
Sous le sommier conjugale
Mais bon dieu que ça fait mal

A ce qu'il est beau mon chibre
Quand il est a l'air libre
C'est un donjon fabuleux
Jalonné de chemins bleus