Akhenaton
La fin de leur monde Remix
[Couplet 1 : Shurik'n]
Regarde ma terre en pleurs, mais les choses ici prennent une telle ampleur
Les fils partent avant les pères, y a trop de mères en sueur
Quand les fusils de la bêtise chantent le même air en chœur
Le mangeur d’âmes à chaque repas s’abreuve de nos rancœurs
Je l’entends toutes les nuits, lassе des fantômes qui la hantent
Lassе de leurs complaintes, tellement que des fois, elle en tremble
Par le sang de la haine, constamment ensemencé, aux pas cadencés
Quand ce dernier chasse le vent hors des plaines
Rien n’a changé depuis « Où je vis » Juifs, catholiques, musulmans, Noirs ou Blancs
Fermez vos gueules, vous faites bien trop de bruit
Comme ces orages dont l’eau se mêle à nos larmes
Et leur choc, sur le sol aride dont l’uranium a volé l’âme
Je ne veux pas d’une ville au cimetière plus grand que la surface habitable
Même s’il paraît que de l’autre côté, tout est plus calme, plus stable
Je ne veux pas qu’après le jour J, les survivants survivent sous néon
Trop proches du néant car le soleil les prive de rayons
Les artères pleines d’amer comme un Caddie au Géant
On charge, on charge et à la sortie, c’est tout dans les dents
Je crois que c’est dans l’air du temps, chacun cherche son bouc émissaire
D’une simple vie ratée à l’envoi d’une bombe nucléaire
L’amour manque d’air, dans leur monde, nous on suffoque
Tout ce qu’on supporte, ça pressurise et c’est les psys qui vont exorciser
Que quelqu’un me dise si j’ai des chances de voir enfin la paix exigée
Qu’un jour les abrutis s’instruisent
Perché sur ma plume, j’attends ce moment, observe ce bordel
De petites flammes monter au ciel, pour elles, j’ai saigné ce gospel
Héra se barre à tire-d’aile, lasse de la sève qu’on tire d’elle
On clame tous qu’on l’aime mais aucun de nous n’est fidèle
Jalousie et convoitise se roulent des grosses pelles
Et quand les problèmes viennent, on règle ça à coups de grosses pêches
Et pendant ce temps-là, certains amassent des sous par grosses bennes
Et devine qui est-ce qui creuse mais avec des plus grosses pelles
Quand est-ce qu’on y arrive, là où le bonheur désaltère
Où le futur se construit sans cris, sans mecs à terre
Ni de centrales en fuite, rien sur le compteur Geiger
Et finalement conscients qu’ici on n’est que locataires
Tu parles d’une location, regarde un peu ce qu’on en a fait
Quand le vieux fera l’état des lieux, on fera une croix sur la caution
On aurait dû le rendre comme on nous l’a donné
Clean, sans taches et innocent comme un nouveau-né
Seulement les nôtres meurent de faim en Afrique
Mais y a pas assez de fric pour eux, alors, la dalle, il faudra la tempérer
Des hommes tombent sous les rafales racistes mais on ne peut rien pour eux
Alors, les balles, faudra les éviter
Le cul devant la télé, occupés à rêver
Le doigt posé sur la commande, on se sent exister
On râle, on gueule, on vote, espérant que ça va changer
Mais dresse les barricades et tu les verras tous hésiter
Garni d’incompréhension et de stèles géantes
Le globe rêve de compassion et de bourgeons renaissant sur ses branches
Les mêmes qu’on laissera crever un soir de décembre
Dans le silence, juste un bout de carton pour s’étendre
Tout le monde a ses chances, de quelle planète vient celui qui a dit ça ?
Un homme politique je crois, live de Bora-Bora
Pendant que les foyers subissent façon Tora ! Tora !
Mais bon c’est bien trop bas, alors forcément ils ne nous voient pas
Paroles, paroles, paroles, ils ont promis monts et merveilles
Mais les merveilles se sont envolées
Il reste que des monts mais c’est raide à grimper
Et au sommet, y a que des démons en costume cendré
En bas, c’est les jeux du cirque, César ave
Parce qu’on va se faire bouffer, par des fauves qu’ils ont dressés
On note une sévère chute de sang sur la map
Une montée d’or noir, un jour on paiera cher pour une bouffée d’air pur
Ici c’est chacun sa culture, chacun son racisme
Seulement sur fond blanc, c’est le noir qui reste la meilleure cible
Les temps changent, c’est sûr, mais y a toujours des irascibles
Ils ont le bonjour d’Henri, d’Aaron, Mormeck et Zinedine
À l’heure où les gens dînent, y en a encore trop qui cherchent
Pour eux pas de huit-pièces, ils crèchent au parking
Tout le monde s’en indigne, ça dévalue le quartier
Ça effraie mémé et on sait bien ce que mémé va voter
Du haut de leurs tours de vice, droites comme la tour de Pise
Jumelles sur le pif, ils fractionnent, divisent à leur guise
On s’étonne ensuite que ça finisse en fratricide
Car tout ce qui compte c’est de gonfler les commandes de missiles
Vive la démocratie ! Celle qui brandit la matraque
Face à des pacifistes, t’es pas d’accord, on te frappe
Multirécidivistes, ce n’est jamais ceux-là qu’on traque
Ils vivent en haut des listes et mettent leur tronche sur des tracts
Ce monde agonise, vu ce qu’on y fait, c’était prévisible
Comme la goutte sur le front dès que la merde se profile
Mais la peur atrophie les cœurs, peur de tout ce qu’on ne connaît pas
Alors on se barde de préjugés débiles
De partout, les extrêmes dominent en prime time
À chaque fois qu’ils déciment une famille
Et bien avant ces régions où sévit la famine
Images trop crues pour un beauf devant sa viande trop cuite
Lui qui croyait que l’euro ferait beaucoup d’heureux
Pour les vacances, faudra attendre un peu ou gagner au jeu
Mais là ce n’est pas trop l’heure, demain très tôt y a le taf
Comprends, ce monde va trop vite, aucune chance qu’on le rattrape
Sur la route des principes, ils ont mis des pièges à loup
Des gilets dynamites et des scuds, il y en a un peu partout
Faudra faire gaffe aux mines, aux puits d’où la mort s’écoule
Il a beau être vif mais, à la longue, il n’évitera pas tout
Et un de ces quatre, il finira par tomber
J’espère qu’il y aura quelqu’un pour aider le prochain à se relever
J’espère qu’il ne sera pas comme le nôtre, aigri et crevé
Et j’espère surtout que celui-là n’essaiera pas de se faire sauter
[Couplet 2 : Akhenaton]
Tu sais, on vit dans la télé, le globe s’est fêlé
Ils servent de l’emballé, mais en vrai, c’est la mêlée
On se prend à espérer des choses simples, mais leur fabrique
À peur s’est mise en branle, tout ça pour les dérégler
Cris, sang, cicatrices, terreur dans la matrice
Ils disent qu’une vie vaut plus à New York, Paris, Londres ou Madrid
Alors c’est comme ça, une échelle dans la peine ?
On aime ces catastrophes quand des gens manquent à l’appel
Surtout s’ils nous ressemblent, on les filme à la morgue
Et nous, dans les sofas, contents d’échapper à la mort
Mais reste dans les cœurs l’anomalie appelée peur
Et grâce à ça, de toutes parts, ils ont recours à la force
C’est une révolution, cette fois elle est de droite
Voilà pourquoi le chantage à l’emploi dans plein de boîtes
Voilà pourquoi ils veulent à tout prix implanter la croix
Et face à la télé souvent on les croit dans leur droit
Ils disent : « C’est humanitaire », mais ils niquent les mers et la Terre
Pour chaque écart, c’est la guerre
Si le quotidien est précaire, c’est qu’ils nous dressent à être délétères
Et se contenter de joies éphémères
Si l’Afrique est en colère
C’est parce que les trusts la pillent, seuls les généraux corrompus coopèrent
Et jouent des vies au poker
Est-ce que la rancœur et le désir de revanche est tout ce qu’on leur a offert ?
On parle du droit des femmes, quand leurs maris les frappent
Avec des clichés religieux sortis tout droit des fables
Comme si ici elles étaient bien depuis le Moyen Âge
Mais c’est en 46 que s’est ouverte une nouvelle page
Maintenant elles nous valent, on le dit dans les ouvrages
Pourquoi elles touchent moins de pognon à compétences égales ?
Pourquoi elles seraient moins faites pour être responsables ?
Alors qu’elles nous ont tous torché le cul nu dans le sable
On force sur la boisson, parie sur les canassons
Mais la réalité c’est qu’ils nous font bouffer du poison
Et dans l’hôtel du bonheur, beaucoup font la valise
L’espoir tué par des fanatiques libéralistes
Pas de bombe sale, ni de grosse salve
La stratégie est simple : ils exploitent et ils affament
Quand on les voit à la télé, ces cons ont l’air affable
Mais le monde est à genoux quand ces bordilles sont dix à table
Des comptes sous faux noms, ils prétendent agir au nom
De la liberté, mais c’est la monarchie du pognon
La France et les States par factions interposées
Se livrent une guerre en Afrique et tu veux rester posé ?
Freedom par-ci, démocratie par-là
Mais j’ai maté sous la table et j’ai vu que c’était que des palabres
La vraie Mafia, non, ne la cherche pas en Calabre
Mais dans ce bled, où dans les quartiers pauvres à quarante ans
On tombe malade, à fumer du mauvais tabac
Et manger de la merde, où le Xanax fait un tabac
Avec l’alcool fort, les rues deviennent des grosses forges
Et le métal y est commun monté sur grosses crosses
La violence au quotidien de tant de gosses pauvres
Et moi j’attends l’Apocalypse après cette apostrophe
J’en ai marre de tous ces mensonges qu’ils colportent
Pour les servir, dans de nombreux cas, y a mort d’homme
Tous terroristes, j’entends leur théorie
Vanter le sacrifice pour des principes, c’est horrible
Les mômes survivent nourris à l’eau et au riz
Pendant que leurs poufs se baladent à Aspen ou Saint-Moritz
La flore crame, la faune cane
Dis, c’était des barbus qui lâchaient l’agent orange sur le Nord Vietnam ?
Non, c’était les boyz
Mais qui peut m’indiquer la justesse d’une cause ?
En partant de là, chacun écrit ses droits
Désolé, je trouve aucune excuse à Hiroshima
On peint l’histoire comme on colorie vite une image
Et peu importe qui se fait tuer, chaque fois, je le vis mal
On croit en nos gendarmes, qui servent et nous protègent
Mais moins au Rwanda, quand ils jouent du lance-roquettes
Pour placer le pantin qui conviendra à la France
Une casserole de plus au ministère de la Défense
Ils se crêpent le chignon, au fond ils sont ignobles
Sur la conscience des députés, y en a plus d’un million
Quand il faut des aiguilles, nos politiques ont des chignoles
Défilent sur des chars, le 14, ils se pignolent
Au son de La Marseillaise
Et d’une imagerie guerrière qu’ils veulent tranquillement refiler aux élèves
De leur appart dans le 16, on voit un tableau différent
Ils disent croire en Dieu, mais croient en ce qu’ils possèdent
Ils ne trouvent même pas un corps dans les ruines du World Trade
Et sortent des débris le passeport de Mohamed
Je ne peux plus exprimer combien on trouve ça grotesque
Je comprends pourquoi c’est le désert dans les bibliothèques
Au collège de la vie, ils jouent les profs d’histoire
Et abreuvent le quotidien de mille sornettes illusoires
On a bâti une forteresse, l’a nommée Alamut
Coincés physiquement entre garde à vue et garde-à-vous
Compte tenu de la pression patriotique
J’admire les gens de gauche en Israël et en Amérique
Est-ce qu’on vaut mieux en France ?
Désolé si j’insiste mais regardons-nous franchement, on est aussi racistes
Ensuite ils vendent ma liberté au marché public
Et me tannent grave, avec les valeurs de la République
La République ? Elle passe ses week-ends en régate
Puis se prostitue de toutes parts pour un Airbus ou une frégate
Elle exécute dans une grotte des opposants kanaks
Et mange à table avec des gars style Giancana
Puis explose le Rainbow Warrior
Et dessine les frontières du tiers-monde à la terrasse du Marriott
Sponsorise les fanatiques aux quatre coins du monde
Les entraîne au combat et à manipuler les bombes
Le collier casse, ces cons échappent à tout contrôle
Et quand ils mordent la main du maître, alors on crie au monstre
Ils discutent notre futur autour d’un pichet
Pour notre sécurité, zarma, ils veulent nous ficher
C’est la France de derrière les stores et j’en ai marre
De me faire gruger par des tronches de dispensés de sport
Je ne me bats pas pour la Porsche, mais pour un meilleur monde
Avec mes petits bras, vivant à cette époque où la terreur gronde
Où la frayeur monte
Travaille sur moi chaque seconde pour être un meilleur homme
On vit en ces temps où dans un taudis de Paris
Trente-six gosses meurent brûlés vifs, quand les demandes en HLM
Dorment depuis des années dans les archives
Alors que des employés de la mairie
En obtiennent avec terrasse et parking, et t’appelles pas ça du racisme ?
Après ils pleurent quand, perdus, on revient aux racines
Ils ont caricaturé nos discours radicaux
Et l’ont résumé par wesh-wesh, yo-yo
Nous, complexés et si peu sûrs de soi
On s’interpelle entre nous comme Ritals, Rebeus, ou Renois
Chaque jour, la grande ville resserre l’étreinte
Et tu peux voir les noms des nôtres évaporés, écrits sur des trains
Ma vie, un mic, une mixette, loin des ambitions
De qui sera élu président en 2007
J’adore ce moment où ils dévoilent le minois
De qui devra tailler des pipes monumentales aux Chinois
À défaut d’argent, putain, donnons du temps
Dans nos bouches, le mot liberté devient insultant
Car c’est les soldats qui le portent et non plus le vent
Comme si le monde était rempli de cruels sultans
Mécontent des schémas qu’on nous propose
Je cultive maintenant les roses dans mon microcosme
Mesure les dégâts minimes que mon micro cause
Ça ne peut qu’aller mieux, alors j’attends la fin de leur monde