Florent Pagny
Noir et blanc
[Intro]
Est-ce ma vue qui a baissé, un tour que me joue mon cerveau ?
Y vois-je trop clair ou trop foncé, fait-il trop jour, ou nuit trop tôt ?
Est-ce d'avoir trop longtemps fixé les touches d'un piano
Les cases d'un échiquier, ou trop raturé de mots
Comme dans les cinémas d'antan, je vois le monde en noir et blanc

[Couplet 1]
Noirs, les marchés truqués, des trafiquants de rêves
Blanc, le drap que l'on tend sur tous ceux qui en crèvent
Noir, le sang de la Terre et l'or qui en jaillit
Blanche, la couleur que prend l'argent au paradis
Noires, marées et fumées, et la colère du ciel
Blanche, dans les veines des enfants, la neige artificielle
Noirs, les fusils d'assaut des soldats de dix ans
Blanche, la robe des mariées qui en ont presque autant
Le monde est noir et blanc

[Pont]
Quelqu'un a éteint la lumière, ou quelque chose m'éblouit
Comme, dans le ciel, un éclair qui vient soudain rayer la nuit
Est-ce qu'on devient sans le savoir daltonien avec le temps ?
Pour ne plus avoir à revoir, un jour, la couleur du sang
Ou est-ce que ce monde est vraiment aussi noir qu'il est blanc ?

[Couplet 2]
Blanc, mon masque de clown, mes tempes et mes cheveux
Noir, le voile des femmes dans l'ombre de leur Dieu
Blanc, l'éclat des diamants et les doigts qui les portent
Noirs, les mains et le sang de ceux qui les rapportent
Blancs, tous ces chèques signés aux escrocs de la guerre
Noir, l'avenir des hommes, le fond de l'univers
Blancs, les coraux éteints, l'ivoire des éléphants
Noir, le lit des rivières, la pluie sur l'océan
Le monde est noir et blanc
[Outro]
On peut prier, chanter la Terre, boire et se couvrir de fleurs
Quel que soit le somnifère, on ne rêve jamais en couleurs
Est-ce que je deviens clairvoyant, ou ai-je les yeux de la peur
Faut-il avoir 17 ans pour voir le monde en couleurs ?
Le monde en couleurs