Léo Ferré
Le Parfum
Lecteur, as-tu quelquefois respiré
Avec ivresse et lente gourmandise
Ce grain d'encens qui remplit une église
Ou d'un sachet le musc invétéré ?

Charme profond, magique, dont nous grise
Dans le présent le passé restauré !
Ainsi l'amant sur un corps adoré
Du souvenir cueille la fleur exquise

De ses cheveux élastiques et lourds
Vivant sachet, encensoir dе l'alcôve
Une sentеur montait, sauvage et fauve

Et des habits, mousseline ou velours
Tout imprégnés de sa jeunesse pure
Se dégageait un parfum de fourrure