Léo Ferré
« Une nuit que j’étais près d’une affreuse Juive »
Une nuit que j’étais près d’une affreuse Juive
Comme au long d’un cadavre un cadavre étendu
Je me pris à songer près de ce corps vendu
À la triste beauté dont mon désir se prive

Je me représentai sa majesté native
Son regard de vigueur et de grâces armé
Ses cheveux qui lui font un casque parfumé
Et dont le souvenir pour l’amour me ravive

Car j’eusse avec ferveur baisé ton noble corps
Et depuis tes pieds frais jusqu’à tes noires tresses
Déroulé le trésor des profondes caresses

Si, quelque soir, d’un pleur obtenu sans effort
Tu pouvais seulement, ô reine des cruelles !
Obscurcir la splendeur de tes froides prunelles