Charles Aznavour
Je bois
Je bois pour oublier mes années d’infos com
Et cette vie monotone
Avec vous mais si seul

Je bois pour me donner l’illusion que j’existe
Parce que trop égoïste
Pour vous péter la gueule

Et je lève mon verre à nos rêves en faillite
Nos illusions détruites
Déficit mentalement

Et je trinque à l’enfer qui dans mon CV s’impose
En vidéo morose
Que j’arrose en buvant

Je bois jour après jour, à nos notes à nos fautes
Au temps que côte à côte
Il faut écrire encore

Je bois à nos rapports, ASB diabolique
Souvent kakonomiques
Nos AEP de morts

À nos soutenances ratées, mesquines et pitoyables
À vos barèmes insatiables
Roulant de pleurs en cris
À ce vœu Parcoursup qu’on pensait légendaire
JPO mensongère
Qu’on a cru comme des débiles

Je bois pour échapper à ma vie insipide
Je bois jusqu’au suicide
Le dégoût, la torpeur

Je bois pour m’enivrer et vomir mes principes
Libérant de mes tripes
Ce que j’ai sur le coeur

À mon corps épuisé, blindé de Sertraline
Et au stress chronique
Qui me guette au tournant

Je bois aux lois bénies d’Erwin Goffman
Qui de peur du scandale
Nous pousse à faire semblant

Je bois jusqu’à la lie, aux tableurs infinies
Aux PPP de Touati
Aux théories de la com

Au bonheur avorté, à moi, à mes Xanax
A toi, prof furax
Allons trinquer au rhum
Au meilleur de la vie qui par lambeaux nous quitte
Aux CV insolites
Dont vos cours se rempart

Aux amphis remplis par des dizaines d’automates
Et au foutu burn-out
Que j’aurais tôt ou tard

Je bois à en crever et peu à peu j’en crève
Comme ont crevés mes rêves
Quand le distrib’ m’a trahis

Je bois à oublier de signer SoWeSign
Ça a fait tout un drame
Quand Boiroux m’a surpris

Je m’enivre surtout pour mieux noyer ma peine
Et conjurer la haine
Dont nous sommes la proie

Et je bois comme un trou qu’est en tout point semblable
À celui que le diable
Vous fait creuser pour moi

Je bois, mon dieu, je bois
Pas tant par solitude
Beaucoup par habitude
Pour oublier le RU
Et pour la riso