Henri Salvador
Clopin-Clopant
Je suis né avec des yeux d'ange
Et des fossettes au creux des joues
J'ai perdu mes joues et mes langes
Et j'ai cassé tous mes joujoux
Je m'suis regardé dans un' glace
Et j'ai vu que j'avais rêvé
Je m'suis dit : faudra bien qu'j'm'y fasse
Tout finira par arriver

Et je m'en vais clopin-clopant
Dans le soleil et dans le vent
De temps en temps le cœur chancelle
Y a des souv'nirs qui s'amoncellent

Et je m'en vais clopin-clopant
En promenant mon cœur d'enfant
Comme s'envole une hirondelle
La vie s'enfuit à tire-d'aile

Ça fait si mal au cœur d'enfant
Qui s'en va seul, clopin-clopant

Tout l'amour que l'on a vu naître
Tes lèvres douces, parfum de miel
Nos deux fronts contre la fenêtre
Nos regards perdus dans le ciel
Le train noir hurlant dans la gare
Le monstrueux désert des rues
Tes mots d'adieu, tes mots bizarres
Depuis dix mois, tu n'écris plus
Et je m'en vais clopin-clopant
Dans le soleil et dans le vent
De temps en temps le cœur chancelle
Y a des souv'nirs qui s'amoncellent

Et je m'en vais clopin-clopant
En promenant mon cœur d'enfant
Comme s'envole une hirondelle
La vie s'enfuit à tire-d'aile

Ça fait si mal au cœur d'enfant
Qui s'en va seul, clopin-clopant