Henri Salvador
Le Fêtard
Écoutez l'histoire affreuse
L'aventure douloureuse
D'un fêtard
Qui, chaque soir
Rentrait tard
Dans son appartement de l'avenue Mozart

Il avait un chapeau claque
Il avait une tête à claques
Un beau frac
Un gros sac
Et un maximum de goût pour le bac

Il aimait le jeu, les femmes
Et tous les tripots infâmes
Où l'on peut perdre son âme
En dansant un beau charleston
Avec une fille à la garçonne

Dieu veillait sur lui sans doute
Car bien que l'on n'y vit goutte
Le fêtard
Chaque soir
Dans le noir
Retrouvait l'avenue Mozart
Mais par un beau soir d'automne
Il ingurgita par tonnes
Du solide
Des liquides
Du fluide
Qui lui gonflèrent fortement le bide

Il eut l'envie importune
D'arroser sous la pleine lune
L' réverbère
Solitaire
Qui éclaire
Le Ministère de la Guerre

Mais faut croire qu'il voyait trouble
Plutôt à moitié que double
Car au lieu du luminaire
Il éteignit le factionnaire
Qui surveillait le Ministère

Et saisi par la milice
Du commissariat d' police
Le fêtard
Sans pétard
En caleçon
Finit sa noce au violon